La Conférence de Moscou n'est qu'un colloque préparatoire

Telle est l'impression qui se dégage des premiers travaux des Quatre

4/1947

(De notre envoyé spécial à Moscou, Georges Le Brun Keris)

Dans l'hôtel Moskova, depuis quelques jours, le feu est comme retombé. On se lasse d'interroger les membres des délégations. Chacun d'eux tourne les mêmes disques déjà entendus.

La Conférence est entrée dans sa période de stagnation. On aurait tort, pourtant, d'en tirer des conclusions pessimistes. Les conférences internationales réservent toujours de ces périodes : à San Francisco, à New York, à Londres, à Paris, nous en avons connu d'aussi creuses.

En général, on prévoit que cette stagnation durera encore huit jours. Le général Marshall n'a-t-il pas laissé entendre que si rien ne se dessinait, il partirait avant qu'une quinzaine ne soit écoulée ?

Va-t-on vers un échec ou vers une réussite au moins partielle ?

Trois aspects sont plausibles.

On peut d'abord penser que les Russes céderont. Ce serait le coup de théâtre final qui n'est pas exclu. Toutefois, rien ne dit qu'ils ne préféreront pas attendre une nouvelle conférence avant d'entrer dans la voie des concessions.

Une seconde hypothèse serait que les Russes cèdent seulement sur certains points. Dans ce cas, les Anglais maintiendront-ils leur intransigeance ? Quelles seraient les intentions de M. Bevin ? Le général Marshall peut agir sur lui  pour l'amener à une attitude plus souple.

Enfin dernière hypothèse, la conférence échouera. On voilerait son échec sous de grandes et vagues déclarations de principes.